Rapport d'activité 2023

 Quels sont les objectifs stratégiques d’Agir pour le Coeur des Femmes ?
Claire Mounier-Vehier : nous souhaitons en priorité faire progresser la prévention, pour qu’elle fasse partie intégrante de la médecine d’aujourd’hui et de demain, car elle contribue à transformer et équilibrer le système de soins français.
Thierry Drilhon : nous réunissons le privé et le public, les entreprises et les associations, les collectivités, les professionnels de santé de toutes disciplines, afin de déployer tous ensemble dans les territoires une formidable intelligence collective pour sauver des vies. 

 La tournée 2023 du Bus du Cœur des Femmes a dépassé toutes les prévisions… Comment expliquer ce succès ?
CMV : nous appliquons simplement le principe de « l’aller vers », qui correspond à une demande de la population. Les femmes ne prennent pas soin d’elles et redoutent d’aller consulter de peur de découvrir une pathologie. La peur n’évitant pas le danger, nous leur proposons un bilan cardiovasculaire et gynécologique complet près de chez elles. Au-delà de cette simplicité d’accès, notre passage déclenche dans chaque ville-étape de l’enthousiasme auprès des professionnels de santé et de l’ensemble des acteurs, car cette action a du sens pour tous.
TD : la participation a fortement progressé, à tous les niveaux. Cette année, 4 672 femmes ont bénéficié d’un dépistage gratuit, soit 275 dépistages par étape en moyenne. 1 058 professionnels de santé ont été impliqués, bénévoles ou mis à disposition par les structures de santé locales, soit près du double de l’an dernier. Je leur rends hommage et leur engagement m’impressionne ! 

Quels sont vos relais dans les territoires ?
TD : nous avons créé une communauté d’Ambassadeurs, qui agit efficacement au quotidien sur la connaissance et la prise en charge de la maladie cardio-vasculaire des femmes à l’échelle nationale.
CMV : cette mobilisation exceptionnelle, qui réunit des centaines de talents à travers la France au service de la santé des femmes, nous donne beaucoup d’énergie pour aller plus loin. Nous agissons avec détermination pour construire la prévention de demain. 

Cet ancrage territorial est une priorité pour vous ?
CMV : l’enracinement local est essentiel. Rester trois jours par an dans une ville n’est bien évidemment pas suffisant. Seule une action collective mobilisant les acteurs
locaux peut avoir une réelle efficacité à terme. Un maillage de talents au service de la santé des femmes, multidisciplinaire et transgénérationnel, se met en place et permet de sauver des vies au quotidien.
TD : la réussite de notre action s’appuie sur l’implication forte des villes, l’expertise des professionnels de santé locaux, l’écosystème associatif et la solidarité de nos partenaires financeurs. Ils prouvent, si besoin en est, que le monde de l’entreprise a bien un grand rôle à jouer dans la prévention en actions. 

Pourquoi créer une Journée du Coeur des Femmes ?
TD : une centaine de villes ont manifesté un intérêt pour accueillir le Bus du Coeur des Femmes dans les mois ou années à venir. Pour répondre à cette demande, il nous fallait innover encore et proposer une action plus facile à déployer et ancrée dans les territoires. Ainsi nous voulons faire rentrer la prévention dans les établissements de santé.
CMV : nous avons regroupé les dix étapes du dépistage du Bus du Coeur des Femmes en six étapes, tout en préservant la qualité de l’expertise médicale. Grâce à ce dispositif, nous espérons doubler le nombre de femmes dépistées chaque année, couvrant ainsi l’ensemble du territoire national. 

Les Françaises restent à haut risque cardio-vasculaire ?
CMV : la troisième édition de notre Observatoire National de la Santé des Femmes est venue confirmer un chiffre alarmant : 9 femmes sur 10 présentent au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire. Le manque de prise en compte des spécificités féminines par la médecine tend à générer des défauts de prise en charge majeurs. Les symptômes sont moins bien identifiés, les traitements plutôt adaptés aux hommes… 

Quelles sont vos perspectives ?
TD : au travers de nos différents dispositifs de prévention en actions, nous mobilisons un écosystème au service de la santé des femmes, grâce au soutien de tous nos partenaires et donateurs. Lorsque nous voyons le chemin parcouru en quatre ans, cela nous encourage à innover toujours plus afin de répondre aux besoins médicaux et aux attentes des territoires. N’oublions pas que nous sommes toujours face à une urgence médico-sociétale. Nous devons continuer à bousculer les préjugés et faire évoluer les pratiques professionnelles prenant en compte les spécificités des femmes.

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