400 personnes par jour en France décèdent d’une maladie cardio-vasculaire. Plus de la moitié sont des femmes… Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité chez elles, près d’une femme sur trois en décède chaque année. Elles en sont victimes de plus en plus jeunes. Selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié par Santé Publique France en 2016, les hospitalisations pour un infarctus du myocarde ont progressé en France de 4,8 % par an entre 2009 et 2013 chez les femmes de 45 à 54 ans.
Cette progression est liée à l’évolution délétère de leur mode de vie, depuis plus de 30 ans. En vivant au même rythme que les hommes, elles en ont adopté les mêmes mauvaises habitudes d’hygiène de vie qui vont faire le lit des maladies cardio-vasculaires : tabac, stress psycho-social, surmenage, manque d’activité physique, alimentation peu équilibrée, alcool … Ce mode de vie a entraîné une diminution de la protection vasculaire que leur assuraient leurs hormones naturelles avant la ménopause. Les femmes se croient encore culturellement protégées jusqu’à cette période clé de leur vie hormonale et ne se sentent pas concernées.
A cela s’ajoutent des symptômes très souvent atypiques : près de la moitié des femmes de moins de 55 ans victimes d’un infarctus du myocarde n’ont pas ressenti le symptôme classique des hommes, à savoir la douleur brutale en étau dans la poitrine irradiant le bras gauche et la mâchoire.
Les femmes doivent s’alerter face à d’autres symptômes, plus atypiques, encore méconnus et souvent associés : une sensation d’épuisement, un essoufflement à l’effort, une douleur aigue dans le haut du dos, des palpitations ou encore des symptômes digestifs récurrents (nausées, gène ou brulure épigastrique). Ces symptômes peuvent ne pas avoir de lien avec l’effort. Ils peuvent survenir lors des activités quotidiennes ou d’un stress psychologique. Ils peuvent aussi réveiller la femme la nuit. Ils sont souvent associés à une sensation d’angoisse, très bon signal d’alarme. Ces signes d’alerte, s’ils durent ou se répètent, doivent faire appeler sans délai le 15.
Les femmes concernées sont essentiellement celles qui sont exposées à au moins un des facteurs de risque cardio-vasculaire suivants : tabac, stress psycho-social, précarité, sédentarité, hypertension artérielle, cholestérol, diabète, association contraception avec estrogène-tabac...
Des études récentes sur les caractéristiques de l’infarctus du myocarde chez les jeunes soulignent la plus grande incidence du diabète, de l’obésité et du tabagisme chez les femmes, comparé aux hommes du même âge. Après 50 ans, les femmes ont des niveaux de cholestérol plus élevés, sont plus fréquemment hypertendues ou diabétiques et de façon plus sévère que les hommes.
De plus, les femmes sont impactées par des facteurs de risque hormonaux spécifiques qu’il ne faut pas négliger : contraception avec œstrogène de synthèse (surtout après 35 ans avec tabagisme actif), grossesse compliquée et ménopause.
Le constat reste aujourd’hui interpellant. Le tableau atypique de présentation initiale conduit ces femmes dans un circuit d’errances diagnostiques et de retard de traitements. Même, une fois diagnostiquée, ces femmes sont souvent sous-traitées. Elles bénéficient de moins d’épreuves d’effort, de moins de coronarographies et les traitements leur sont sous-prescrits. Elles vont moins souvent en rééducation après l’accident coronaire, principalement pour des raisons familiales ou professionnelles, ce qui constitue une perte de chance supplémentaire.
Nous devons réagir sans tarder en optimisant les prises en charge des femmes à risque, avec une vigilance accrue sur les symptômes d’alerte cardio-vasculaire, une optimisation des traitements et un suivi structuré.
C’est dans cette objectif qu’a été mis en place une expérimentation de parcours de soins innovant « Cœur, Artères Femmes », à l’Institut Cœur Poumon du CHU de Lille. Ce parcours fédère les médecins traitants, les gynécologues, les cardiologues, les médecins vasculaires et les pharmaciens. Il a permis de dresser le portrait type de la femme ménopausée à risque cardio-vasculaire avec des facteurs de risque insuffisamment dépistés, traités et contrôlés tout en réajustant les prises en charge. Cette expérimentation souligne le bénéfice d’un parcours coordonné entre différents acteurs de santé, libéraux et hospitaliers, en impliquant également la patiente comme actrice de prévention. L’objectif est de développer ces parcours cardio-gynécologiques dans d’autres régions en France, en s’appuyant sur un écosystème d’acteurs motivés.
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