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Dépistage

Retard de prise en charge dans le diagnostic et le traitement des maladies cardio-vasculaires chez les femmes, malheureusement toujours d’actualité

Le Dr Jean-François Renucci, médecin vasculaire au CHU de la Timone à Marseille et ambassadeur expert d’Agir pour le Cœur des Femmes nous partage une publication européenne sur le Forum des patientes atteintes de maladie cardio-vasculaire.

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Les maladies cardio-vasculaires sont devenues la principale cause de décès chez les femmes dans le monde, mais elles restent sous-étudiées, sous-reconnues, sous-diagnostiquées et enfin sous-traitées.

Des faits établis
En 2021, une grande revue médicale (The Lancet) a publié un document décrivant l’état de la santé cardio-vasculaire des femmes. Il résume les preuves existantes, identifie les lacunes dans les connaissances et formule des recommandations dans le but de réduire le fardeau mondial des maladies cardio-vasculaires chez les femmes.
Ces preuves sont déjà anciennes mais même si des tentatives ont été faites pour répondre à certaines de ces préoccupations, la réalité et l’expérience sur le terrain, montrent que les choses restent largement inchangées.

Un forum européen
Il existe au sein la Société Européenne de Cardiologie (ESC) un forum des patientes qui a récemment créé un groupe de travail sur les maladies cardio-vasculaires chez les femmes dont deux des membres, après une première action entreprise lors de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, pour sensibiliser la population via les réseaux sociaux, viennent de publier un éditorial appelant à passer à l’action (1).

Pour toutes ces pathologies, les femmes membres du forum ont trop souvent le sentiment que leur sexe entraîne des retards dans le diagnostic et le traitement avec un sentiment de frustration parmi les patientes et leur famille.
Tout en constatant que la littérature médicale à bien évolué dans la prise en compte des particularités des femmes, Il semble n’y avoir aucun changement notable sur le terrain.

Des témoignages édifiants
On relève aussi des témoignages assez effarants …
Cela va du médecin qui n’a pas jugé bon d’hospitaliser une patiente suggérant qu’elle avait une crise d'anxiété et qu’elle pouvait « rester à la maison" alors que cette porte-parole du groupe de travail avait en réalité une maladie coronarienne avec une dissection artérielle heureusement diagnostiquée dans les suites, à une adolescente, dont le médecin de famille a répété à plusieurs reprises que son épuisement constant était lié à la puberté ce qui expliquait son rythme cardiaque anormalement rapide, mis sur le compte de la nervosité ou de l'anxiété. Elle a souffert pendant des années d'une tachycardie quasi permanente avant de finalement consulter un spécialiste et d'être correctement diagnostiquée et traitée.

Les patientes elles-mêmes sont habituées à entendre de telles histoires de diagnostics cardio-vasculaires erronés ou tardifs et de la minimisation des symptômes alors qu’elles étaient en fait en train de faire une crise cardiaque s’entendant dire qu’elles étaient simplement angoissées et certaines ont de plus en plus de mal à contrôler leurs émotions face à un diagnostic erroné, qu’il s’agisse de colère, de frustration, de déception ou du sentiment d’être négligées.

Des statistiques concordantes
Il est à noter que les statistiques prouvent que les expériences de ces patientes sont malheureusement exactes et ces statistiques ne représentent que la « partie émergée de l’iceberg » des disparités liées au sexe dans les systèmes de santé et mettent malheureusement en évidence les lacunes des parcours de soins, des cabinets des médecins généralistes aux services d’urgence.

Après avoir jeté l’opprobre sur le corps médical, on notera quand même le très important travail de sensibilisation et d’action fait dans ce domaine par certains médecins qui sont le plus souvent… des femmes !

Des explications socio-culturelles
Cependant, le corps médical n’est pas seul en cause et les femmes elles-mêmes tardent à se faire soigner, ne comprenant pas l’urgence de prévenir et d’agir sur les problèmes cardiaques.
Une des explications du groupe est que les femmes occupent toujours le rôle central dans la vie familiale. Elles doivent souvent jongler avec une multitude de taches dans leur vie professionnelle et assumer le fardeau des responsabilités domestiques, ce qui leur laisse peu de temps pour réfléchir à leurs propres besoins en matière de santé et de bien-être.
De plus, « culturellement, les femmes ont été conditionnées à être de « bonnes filles », à ne pas déranger ni à faire des histoires ! »

Un appel à agir
Il existe de nombreux niveaux possibles d’intervention et chacun doit être pris en compte, depuis les messages de sante publique jusqu’à l’éducation sanitaire, en passant par la formation des médecins et le financement de la recherche.
Interrogée sur les solutions et les mesures possibles à prendre, une des membres du groupe de travail, déclare : « Une meilleure connaissance renforce la confiance et accroit la sensibilisation à la sante cardiaque. Les femmes sont moins susceptibles de se laisser « berner » ou de craindre de « déranger » leur prestataire de soins si elles disposent de plus d’informations provenant d’une source fiable sur leur état. »
« Pour contribuer à lutter contre cette injustice et d’autres, nous avons besoin d’une meilleure éducation pour identifier les maladies cardio-vasculaires chez les femmes, des programmes éducatifs pour les médecins, les scientifiques, les professionnels paramédicaux et dans nos communautés ».
Puisse-elle être entendue…

Et en France ?
Agir pour le Cœur des Femmes est là avec ses témoignages identiques accessibles sur son site internet «www.agir pour le cœur des femmes.com », et s’est engagé dans la préventions des maladies cardio-vasculaires féminines autour de ses trois missions phares : Alerter, Anticiper et Agir depuis presque 5 ans.
Les retombées commencent à être perceptibles avec un Observatoire National de la Santé des Femmes permettant l’analyse de plus de 12000 femmes dépistées à date dans le Bus du Cœur et la Journée du Cœur des femmes, de nombreuses conférences grand public, de nombreuses parutions publications dans la presse grand public et les réseaux soicaux d’Agir ;
Et dernier exemple en date, l’Assurance Maladie envisage de proposer un bilan de repérage du risque cardio-vasculaire à la ménopause. C’est déjà un progrès notable.
Souhaitons qu’après la nécessaire prise de conscience, nous puissions enfin faire reculer cette épidémie constatée des maladies cardio-vasculaires féminines en France !

Référence :
1 : Galbraith M., Drossart I. : Disparity in diagnosis and treatment of cardiovascular disease in women: a call to joint action from the European Society of Cardiology Patient Forum.
European Heart Journal. Volume 45, Issue 2, 2024, 79-80.

 
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