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Ruptures sentimentales, sociales, économiques… Principales causes du syndrome du coeur brisé

Les confinements à répétition, l’isolement, l’incertitude économique, l’absence de projet et la coupure sociale liés à la crise sanitaire de la Covid-19 nous mettent à rude épreuve depuis plusieurs mois. Les Françaises et les Français se sentent isolés, dans un environnement réduit. Ils ont peu d’échanges avec l’extérieur et s’inquiètent pour leur santé, leurs finances, leur avenir… Ils sont confrontés à toutes sortes de ruptures : professionnelles, conjugales, amicales, sociales, médicales… génératrices de stress intense.

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Agir pour le Cœur des Femmes alerte sur le Tako-tsubo
« L’accumulation de stress intense conduit à une fragilité émotionnelle, qui peut aboutir à une paralysie du muscle cardiaque, explique le Pr Claire Mounier-Véhier, cardiologue au CHU de Lille, cofondatrice de Agir pour le Cœur des Femmes avec Thierry Drilhon, dirigeant et administrateur d’entreprises. Le cœur se met en état de sidération face à l’événement de trop, qui aurait pu être anodin en d’autres circonstances. C’est le Tako-tsubo, syndrome du cœur brisé ou cardiomyopathie de stress. Il se manifeste par des symptômes proches de l’infarctus, principalement chez la femme plutôt anxieuse, plus particulièrement au moment de la ménopause et chez les personnes en situation de précarité. C’est une urgence cardio-vasculaire encore trop méconnue, à prendre très au sérieux, tout particulièrement en cette période de pandémie Covid ».

Le syndrome de Tako-tsubo, de quoi parle-t-on?
Maladie du muscle cardiaque, le syndrome de Tako-tsubo a été décrit pour la première fois au Japon dans les années 1990. S'il s'apparente à un infarctus sur le plan épidémiologique, il n’est pourtant pas lié à une obstruction des artères coronaires.

Une situation de stress aigu active le système nerveux sympathique, déclenchant la production d’hormones de stress, principalement les catécholamines, qui accélèrent le rythme cardiaque, augmentent la pression artérielle et contractent les petites artérioles coronaires. Sous l'effet d’une libération massive de ces hormones de stress, une partie du cœur peut ne plus se contracter, paralysé. Le cœur sidéré, se « ballonne » et prend une forme d'amphore (Tako-tsubo veut dire piège à poulpe en japonais). « Ce phénomène est potentiellement facteur de troubles aigus du rythme ventriculaire gauche, qui peuvent causer la mort subite, mais aussi la formation de caillots sanguins dans le cœur avec un risque d’embolies artérielles met en garde Claire Mounier-Véhier. Un stress aigu est retrouvé dans la grande majorité des cas ». Toutefois, la bonne nouvelle est que cette forme d’insuffisance cardiaque aigue est le plus souvent totalement réversible quand la prise en charge cardiologique est précoce.

Selon une étude menée par des chercheurs de l’université de Zurich1, publiée en 2015 dans la revue New England Journal of Medecine, les chocs émotionnels (perte d’un être cher, rupture amoureuse, annonce d’une maladie,…) mais aussi physiques (intervention chirurgicale, infection, accident, agression …) souvent associés à une fatigue intense (épuisement moral et physique) sont des facteurs déclencheurs du Tako-tsubo. Une autre étude américaine2 parue en juillet 2020, souligne que pendant la pandémie Covid-19, le nombre de nouveaux cas de takostubo a été multiplié par 4,58 dans plusieurs pays touchant des personnes peu ou pas malades du COVID. En cause l’excès de stress psychosocial et la précarité économique sont à l’orgine de cette «flambée de Takostubo !

Les femmes en sont les premières victimes (9 femmes pour 1 homme), car leurs artères sont particulièrement sensibles aux effets des hormones du stress et se spasment plus facilement. Les femmes ménopausées y sont d’autant plus exposées qu’elles ne sont plus protégées par leurs œstrogènes naturels. Les femmes en situation de précarité, avec une lourde charge psychologique, sont également très exposées. « Anticiper le syndrome de Tako-tsubo, en intensifiant l’accompagnement psycho social de ces femmes vulnérables est essentiel dans cette période du Covid, très difficile économiquement » souligne Thierry Drilhon.

Des symptômes à repérer, pour une prise en charge en urgence
Parmi les symptômes les plus fréquents : essoufflement, douleur brutale dans la poitrine en étau mimant celle de l’infarctus irradiant dans le bras et la mâchoire, palpitations, perte de connaissance, malaise vagal.
« Une femme de plus de 50 ans, ménopausée, en situation de rupture, ne doit surtout pas sous-estimer les premiers symptômes liés à un stress émotionnel aigu, interpelle le professeur Claire Mounier-Véhier. Le syndrome de Tako-tsubo nécessite une hospitalisation en urgence, pour éviter des complications graves et permettre une prise en charge en unités de soins intensifs cardiologiques. L'appel du 15 est primordial comme dans l'infarctus du myocarde, chaque minute compte ! »

Si les symptômes sont souvent très bruyants, le diagnostic de Tako-Tsubo est un diagnostic d’examens complémentaires. Il repose sur la réalisation conjointe d’un électrocardiogramme (anomalies non sytématisées), de marqueurs biologiques (troponines modérément élevées), d’une échocardiographie (signes spécifiques de cœur balloné), d’une coronarographie (souvent normale) et d’une IRM cardiaque (signes spécifiques). Le diagnostic se fera sur l’analyse conjointe de ces différents examens. Le syndrome de Tako-tsubo est le plus souvent totalement réversible, en quelques jours à quelques semaines, avec le traitement médical de l’insuffisance cardiaque, une rééducation cardio-vasculaire et un suivi cardiologique régulier. Le syndrome Tako-stubo récidive rarement, dans 1 cas sur 10 environ.

Agir, c'est aussi prévenir
Pour limiter le stress aigu et le stress chronique, Agir pour le Cœur des Femmes conseille le maintien d’une qualité de vie passant par une alimentation équilibrée, pas de tabac, une consommation d’alcool très modérée. L’activité physique, la marche, le sport, le sommeil d’une durée suffisante sont des solutions puissantes, pouvant agir comme des « médicaments » antistress. On peut aussi recourir aux techniques de relaxation par la respiration, basée sur le principe de la cohérence cardiaque disponible gratuitement sur le web ou sur des applications mobiles telles que Respirelax, par la pratique de la méditation en pleine conscience et du yoga…

Bonne nouvelle !
« Par une prévention positive et bienveillante, on peut éviter à 8 femmes sur 10 de rentrer dans la maladie cardiovasculaire » rappelle Thierry Drilhon. 

Bibliographie

1- Clinical features and outcomes of takotsubo (stress) cardiomyopathy. Templin C, Ghadri JR, Diekmann J et al. N Engl J Med 2015 ; 373:929-38
2-Incidence of Stress Cardiomyopathy During the Coronavirus Disease 2019 Pandemic. Ahmad Jabri, Ankur Kalra, Ashish Kumar et al. JAMA Netw Open. 2020 Jul; 3(7): e2014780. Published online 2020 Jul 9. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2020.14780

 
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