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Cœur et sexualité : quels conseils pour les patients à risques ?

Si le sujet peut parfois paraitre tabou à aborder avec son médecin (seulement 12% des femmes et 19% des hommes l’abordent en consultation), il n’est pourtant pas rare que les maladies cardiovasculaires viennent ternir l’activité sexuelle.

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De nombreuses études, essentiellement centrées sur la sexualité masculine, démontrent que 15% des hypertendus traités doivent faire face à des dysfonctions érectiles majeures, que 40 % des coronariens de 40 ans et 67% des coronariens de 70 ans en souffrent également.
Sans compter un pourcentage très élevé (75-90 %) des insuffisants cardiaques. Pour autant, les sociétés savantes ont récemment eu une réelle prise de conscience et la sexualité des femmes est désormais clairement abordée. Il existe ainsi des solutions pour les « réhabiliter » et leur redonner confiance.
L’accident cardiovasculaire peut laisser des conséquences néfastes sur la vie sexuelle d’un patient et marquer un véritable tournant dans son activité. Aussi bien chez la femme que chez l’homme. Il peut être un véritable choc post-traumatique, un frein sur la libido et entrainer ainsi des conflits conjugaux, des sentiments de dévaluation et de fragilité, un maternage excessif du conjoint, un syndrome dépressif réactionnel ou encore une véritable peur de la récidive.
D’autant que certains traitements à visée cardio-vasculaire peuvent entrainer des effets indésirables sur la sexualité, comme les diurétiques (hydrochlorothiazide, spironolactone), certains bêta-bloquants (propanolol) ou des antihypertenseurs centraux (alphamethyldopa, clonidine).

Les femmes moins bien conseillées et peu dépistées
Il ne faut pas le nier, il n’existe que peu d’études sur la sexualité associée au risque cardiovasculaire chez les femmes. D’autant que les femmes souffrant de troubles de la sexualité iront plus probablement en parler à leur gynécologue qu’à leur cardiologue.
De ce fait aussi, elles bénéficieront de peu ou pas d’informations au décours de l’accident aigu sur la reprise de l’activité sexuelle. Et seront bien souvent considérées par leur conjoint comme plus fragiles.
Il est également très important de pouvoir rassurer sa patiente. Pour cela, le médecin doit bien connaitre les contraintes hémodynamiques de l’acte sexuel, sachant qu’aujourd’hui moins d’un patient sur deux (homme et/ou femme) reçoit des conseils éclairés sur le sujet.
Selon une étude américaine sur plus de 4 000 arrêts cardiaques analysés, seulement 1% des arrêts cardiaques masculins ont lieu durant l’acte ou 15 minutes après. Chez les femmes, le chiffre descend à 0,1%. L’étude démontre aussi que les patients déjà porteurs d’une maladie CV connue et pris en charge n’ont pas plus de risque que les non cardiaques de mourir d’un arrêt cardiaque pendant l’acte sexuel. L’American Heart Association insiste quant à elle sur plusieurs points. L’activité sexuelle est une activité physique d’intensité modérée, correspondant à une montée de deux étages sans s’arrêter. Comme toute activité physique elle accroit le risque d’accident cardiaque au moment où on la pratique, puis ce risque diminue en 2 heures aussi bien chez l’homme que chez la femme. L’AHA insiste également sur l’importance de la régularité de l’activité, qui est bénéfique pour la santé. Mais alerte également sur la consommation du tabac avant et après l’acte (jusqu’à deux heures après), qui de facto, entraine une situation à risque.

Quels facteurs de risque durant l’acte sexuel ?
Conserver son partenaire habituel et ses habitudes posturales permettent d’éviter les risques. Mais un nouveau partenaire, une relation extra-conjugale, un partenaire plus jeune et bien évidemment la consommation de drogues (cocaïne, poppers, amphétamines…) les augmentent.
En cas de pose de pacemaker avec des sondes dans les cavités cardiaques, il est également conseillé d’attendre une semaine avant de reprendre une activité physique dont l’activité sexuelle. Tout comme après un syndrome coronaire aigu ou une sternotomie et pontage, il est conseillé d’attendre plusieurs semaines avant de pratiquer une activité sexuelle. Il est d’ailleurs recommandé à ces patientes d’attendre les 20 séances de rééducation cardio-vasculaires.
Il existe également des feux rouges à impérativement respecter si l’on présente un risque élevé selon le consensus de Princeton IV : une HTA non contrôlée, une insuffisance cardiaque, une fibrillation auriculaire non contrôlée ou encore des troubles du rythme ventriculaires graves, une maladie des valves cardiaque en attente de prise en charge.
A contrario, le GERS (groupe de travail sur la rééducation cardio-vasculaire de la Société Française de cardiologie) rappelle que la santé sexuelle fait partie des critères de qualité de de vie selon l’OMS et que l’activité sexuelle représente un effort physique modéré et qu’elle ne doit pas être limitée si le patient peut réaliser 60 watts sur bicyclette ou monter deux étages (en 10 secondes) avec une bonne tolérance.

Une hygiène de vie saine sera un traitement efficace
Pour remédier à tous ces problèmes, il est évidemment conseillé d’adopter une hygiène de vie plus saine : perdre du poids, manger moins salé, réduire la consommation d’alcool, arrêter le tabac et contrôler son hypertension.
Il est important de ne jamais arrêter son traitement devant les troubles sexuels sans l’avis d’un médecin. Mais également de ne pas hésiter à consulter un professionnel de santé. Encore une fois le pourcentage des hommes et des femmes qui abordent le sujet en consultation, en deçà des 20%, est bien trop faible.



Princeton IV consensus guidelines: PDE5 inhibitors and cardiac health.
Kloner RA, Burnett AL, Miner M, Blaha MJ, Ganz P, Goldstein I, Kim NN, Kohler T, Lue T, McVary KT, Mulhall JP, Parish SJ, Sadeghi-Nejad H, Sadovsky R, Sharlip ID, Rosen RC. J Sex Med. 2024 Jan 30;21(2):90-116.


 
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