Autour du 20 avril, de faibles douleurs thoraciques et des radiations dans le bras droit m’amènent à consulter mon médecin généraliste, qui diagnostique de l’arthrose cervicale. Confirmée par une IRM, je reçois donc un traitement d’anti-inflammatoires, accompagné de médicaments pour l’estomac. Rien d'étrange jusqu’ici.
La radiation dans le bras disparaît quand la douleur thoracique se fait plus forte et se propage dans les 2 avant-bras : n’importe quand, quelques minutes...
J’échange une nouvelle fois avec mon médecin traitant, qui ne pense à rien d’anormal et réitère son diagnostic de douleurs digestives : “le traitement n’a pas encore fait effet ”.
La vie continue : travail, sport, marche, restaurant, sorties diverses, cigarettes (environ une dizaine par jour). La vie !!!!!
Les crises se rapprochent et se font plus intenses, se répercutant toujours dans les avant-bras, plutôt le matin et au coucher. Je pratique la respiration, la douleur disparaît comme elle est venue.
4 mai. 2 crises en 2 heures (ce que j’appelle en effet « crise ») : shopping, je ne suis ni pressée ni stressée, c’est pourtant très douloureux. Mon médecin, que je contacte par téléphone, m’envoie aux urgences pour éliminer le problème cardiaque.
Les urgences de l’hôpital effectuent un électrocardiogramme de 15 secondes, précisant qu’ils ne verront pas grand-chose, ainsi qu’une prise de sang.
Selon leur diagnostic, tout parait correct, je rentre chez moi.
Je communique le résultat au médecin traitant, qui me prescrit du Tramadol.
Entre temps, je décide de prendre rdv chez mon cardiologue : 52 ans, fumeuse, quelques contrôles peuvent être judicieux. Bien heureusement, j’obtiens un RDV assez rapidement, le 13 mai, bien m’en fasse.
Dans la nuit du 12 au 13 mai, des douleurs thoraciques me terrassent pendant 2 heures. Ne sachant comment faire passer cette douleur, seule et paniquée, j’avale ce que j’ai : paracétamol codéiné, Tramadol.
Loin de moi l’idée de me rendre aux urgences puisque depuis 3 semaines, on me soigne pour des problèmes digestifs. Je pense aussi à des crises d’angoisse.
La nuit dure une éternité, entre douleurs et vomissements.
13 mai
En rendez-vous chez le cardiologue, l’électrocardiogramme confirme un infarctus du myocarde récent, et l’échographie du cœur, une nécrose. Le cardiologue contacte immédiatement le SAMU ainsi que la clinique pour une prise en charge immédiate au bloc opératoire. Réalisée dès mon arrivée, la coronographie met en évidence un bouchon dans l’artère principale qui nécessite la pause d’un stent. 3 heures se sont écoulées entre mon arrivée chez le cardiologue à 8h30 et mon installation en soins intensifs à 11h30. J’y resterai une semaine, le temps de stabiliser les traitements médicamenteux.
Cet épisode a été très difficile à accepter et difficile à gérer :
- Me rendre compte de la gravité de la situation suite aux différents propos des soignants
- Me répéter : « pourquoi moi ? Les effets collatéraux du Covid : confinement, stress, sédentarité, tabac… ? Oui j’étais fumeuse : jusqu’à un paquet jour pendant ces 2 années de confinement et télétravail, pour redescendre à 10 cigarettes ensuite.
- Réaliser que j’ai été sauvée de justesse
- M’approprier le vocabulaire lié à la pathologie
- La brutalité de l’accident, inattendu, incompréhensible tant pour moi que mes proches
- Y faire face, seule
- Entendre le diagnostic d’insuffisance cardiaque sans en connaitre les effets induits
- Comprendre que la vie continue mais plus tout à fait de la même façon
- Perdre mes repères
- Garder la tête froide avec mon entourage qui ne mesure pas forcément la gravité de l’accident, qui n’en mesure pas les conséquences ou qui s’inquiète
- Ne pas savoir ce que je peux faire ou ne pas faire. Être coupée de vie sociale
- Réapprendre à bouger, savoir s’alimenter correctement
- Me sevrer du tabac, mon démon
- Apprivoiser les médicaments qui désormais font partie de ma vie
- Accepter d’être diminuée, tout au moins temporairement.
- Accepter d’être parfois dépendante.
- Accepter de diminuer son activité en attendant de retrouver l’énergie…
- Ne pas montrer cette peur de mourir qui m’a hantée pendant plusieurs semaines
- Avoir ce spray continuellement dans la poche qui me rappelle que la menace est toujours là
La présence des proches dans ces moments de doutes et de faiblesses est précieuse et indispensable.
4 juillet. J’ai la chance aujourd’hui de bénéficier d’une rééducation cardiaque de 3 semaines en clinique (activités physiques, suivi psy et diététique encadrée par des professionnels de santé exceptionnels : je me libère, je reprends confiance, je redémarre.
La rencontre et l’échange avec des personnes atteintes de pathologies cardiaques sont primordiaux pour la guérison et me permettent de relativiser sur la gravité de l’« accident » cardio vasculaire. Je ne me considère plus comme ayant une maladie grave mais comme ayant eu un avertissement.
Le travail d’acceptation est réalisé, il me reste à me laisser guider par les soignants du centre de rééducation pour revivre « normalement ».
J’ai bien pris conscience que : « La santé est le trésor le plus précieux et le plus facile à perdre. »
Je ne peux rester aujourd’hui le témoin silencieux de cet accident. Mon témoignage doit permettre de garder espoir et de faire avancer celles et ceux qui pourraient se trouver dans ma situation, tout en rappelant à chacun l’indispensable : écouter son corps et consulter autant que nécessaire pour éviter l’ACCIDENT !
Je viens d’avoir une consultation avec le Pr Claire Mounier-Vehier et je voudrais dire aux femmes ne pas avoir peur d’aller consulter, avec ou sans symptômes. Votre médecin sera à l'écoute et vous communiquera les conseils de prévention adaptés à votre vie, vos habitudes, vos excès. [...]
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