Agir pour le Coeur des Femmes publie la première partie de son Observatoire national de la
Santé des Femmes. L’analyse des données médicales d’un panel de 4 300 femmes de 14 à 95
ans (54 ans en moyenne) dépistées dans le Bus du Coeur des Femmes en 2021 et 2022 fournit
un panorama unique de la santé cardiovasculaire et gynécologique des femmes en France.
Avec 90% des participantes cumulant au moins 2 facteurs de risque cardio-vasculaire, le
risque est réel et insuffisamment pris en charge. Par ailleurs, l’influence du niveau de
précarité économique et sociale sur le risque cardiovasculaire n’est pas aussi importante que
l’on pourrait l’imaginer : TOUTES les femmes sont concernées.
1. Toutes les femmes sont concernées
Pour la première fois, nous avons utilisé le score Epices de l’Assurance Maladie qui permet de
mesurer de degré de précarité économique et sociale à partir de critères objectifs. 56% des
femmes dépistées se trouvaient dans une situation de précarité défini par un score Epices
simplifiée >= 4.
Le principal enseignement est que le risque cardiovasculaire n’est pas aussi fortement corrélé au
niveau de précarité que l’on pourrait l’imaginer. La plupart des femmes de catégories socioprofessionnelles
considérées comme aisées ne font pas davantage de bilan cardiovasculaire. Si
l’on constate une obésité plus importante et davantage de tabagisme chez les femmes en
situation de vulnérabilité, il n’y a pas ou peu de différence sur l’hypertension artérielle, la
sédentarité, le stress, la dépression et le suivi médical selon le niveau de précarité…
2. Le risque cardio-vasculaire reste très insuffisamment pris en charge
90% des participantes cumulent au moins 2 facteurs de risque cardio-vasculaire. 50%
cumulent au moins 2 facteurs de risque gynéco-obstétrical. Parmi les 3 878 femmes qui ont au
moins deux facteurs de risque cardiovasculaire, 51% ont également au moins deux facteurs de
risque gynéco-obstétrical. 79% n’ont pas de suivi cardio-vasculaire et 37% n’ont pas de suivi
gynécologique. Le risque est réel. 10% seulement de la population dépistée est à très faible
risque cardio-vasculaire et gynéco-obstétrical. Lorsqu’une femme a deux facteurs de risque
gynécologique, elle a quasiment à chaque fois au moins deux facteurs de risque
cardiovasculaire.
3. L’hypertension artérielle reste très largement sous diagnostiquée et
insuffisamment traitée
39% des femmes ont des chiffres tensionnels élevés au dépistage, supérieurs à 140/90,
dont un tiers ont des chiffres très élevés (>160). Parmi les femmes qui se déclarent être
hypertendues lors de l’entretien initial, 32% prennent un traitement pour leur hypertension. Pire
encore : quasiment 2 femmes sur 3 qui prennent un traitement (62%) gardent des chiffres
tensionnels élevés avec une pression artérielle supérieure à 140/90 au dépistage.
4. De nombreuses femmes prennent une contraception estro-progestative contreindiquée
sur le plan cardio-vasculaire ou métabolique
Ainsi, parmi les 173 femmes du panel prenant une contraception avec des estrogènes de
synthèse, 61% d’entre elles (106) ont une contre-indication : âgées de plus de 35 ans ou IMC
supérieur à 30 ou tabagisme actif ou autres (migraine avec aura, diabète non contrôlé…). Il n’est
pas acceptable de mourir à cause d’une contraception contre-indiquée.
5. La ménopause nécessite un suivi gynécologique et cardiovasculaire renforcé
Parmi les 66% femmes du panel ménopausées (n = 2 830), l’âge médian de la ménopause est
de 50 ans. 26% de ces femmes ménopausées prennent un traitement hormonal de la
ménopause, qui renforce l’importance d’un suivi gynécologique et cardio-vasculaire régulier. Ce
qui n’est pas le cas, cf ci-dessous.
6. Un suivi médical insuffisant
12% des femmes n’ont pas de médecin traitant, 79% n’ont pas de suivi cardiovasculaire, 37%
n’ont pas de suivi gynécologique (pas d’examen gynécologique depuis plus d’un an).
7. Les facteurs de risque cardiovasculaire sont bien présents
62% des femmes sont en surpoids, avec un IMC supérieur à 25
30 % des femmes sont obèses avec un index de masse corporelle > =30
23% déclarent être sédentaires, mais en réalité 40% ont une activité physique insuffisante
15% sont fumeuses.
21% ont une consommation d’alcool trop importante
12% prennent régulièrement des médicaments pouvant rendre dépendant
8. Une forte exposition au stress psychosocial
68% des femmes déclarent être stressées
27% ont un syndrome dépressif
9. Un taux de satisfaction particulièrement encourageant
97% des femmes ont été très satisfaites de leur passage dans le Bus et ont pris conscience
de l’importance de leur santé. Elles parleront de l’importance du dépistage à leur entourage,
devenant des relais de prévention auprès de leurs proches.
L’un des principaux enseignements de l’étude de ce panel est de constater que l’entrée dans la
ménopause n’est pas maîtrisée aujourd’hui en France en termes de risque
cardiovasculaire, métabolique mais aussi gynécologique. Toutes les femmes, quelle que
soit leur catégorie socio-professionnelle, ont besoin d’une consultation longue et gratuite
cardiovasculaire et gynécologique à l’entrée dans la ménopause, comme celle réalisée lors de la
première contraception et de la première grossesse.
Il faut inverser ces chiffres alors que les maladies cardiovasculaires tuent encore 200 femmes
par jour, 76 000 femmes par an, restant toujours la 1ère cause de mortalité chez elles (CEPIC
Inserm 2015 ; beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/29-30). Il est urgent de poursuivre ces
actions de sensibilisation, de prévention, de dépistage et de pédagogie à grande échelle dans la
bienveillance.
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