Le Dr Brigitte Raccah-Tebeka, service gynécologie hôpital Robert Debré, Paris et le Pr Geneviève Plu-Bureau, gynécologue, chef de service à Port Royal à Paris nous alertent sur l’importance de la prise en compte des calcifications artérielles diagnostiquées sur la mammographie, pour repérer les femmes potentiellement plus à risque d’accident cardio-vasculaire.
Ces données récentes soulignent l’importance de la prise en charge globale de la santé de la femme et la nécessaire transversalité du soin entre radiologue, gynécologue, médecin vasculaire, cardiologue et médecin généraliste.
Les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de mortalité chez la femme et tenter d’en déterminer les facteurs de risque émergeants, en sus des facteurs de risque traditionnels, est crucial. Au sein de la population féminine, ces maladies sont encore sous-estimées, mal dépistées et souvent traitées avec retard ou incomplètement. Il s’agit d’une maladie chronique, émaillée d’évènements aigus parfois mortels, avec un rôle majeur de l’environnement devenu délétère en 50 ans sur la santé des femmes. De nombreux facteurs de risque traditionnels sont maintenant bien connus, parmi ceux-ci citons le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le surpoids ou l’obésité, le tabagisme…De nouveaux facteurs, dits « émergeants », ont plus récemment vu le jour et concernent plus spécifiquement les femmes comme le syndrome des ovaires polykystiques, l’endométriose, les pathologies hypertensives de la grossesse, le diabète de la grossesse, la ménopause , le cancer du sein …Chaque facteur de risque, lorsqu’il est identifié, doit faire l’objet d’une attention toute particulière et être corrigé lorsque cela est possible. La recherche de nouveaux facteurs de risque se poursuit car plus nombreux seront ces éléments identifiés et plus le dépistage et la prévention des maladies cardiovasculaires seront actives.
Dans ce sens, une nouvelle étude publiée par une équipe française dans un prestigieux journal européen de radiologie tend à montrer que l’existence de calcifications au niveau des petites artères des seins, rapportées sur une mammographie, serait corrélée à la présence de calcifications des artères coronaires.
Ainsi, 507 femmes, âgées en moyenne de 62 ans, ont été étudiées rétrospectivement. Elles avaient eu à la fois une mammographie (dans le cadre du dépistage ou pour une anomalie du sein) et un scanner thoracique (pour dépistage d’une pathologie cancéreuse ou infectieuse) entre 2009 et 2018.
Un score était attribué aux examens radiologiques selon l’existence ou non et l’importance des calcifications retrouvées sur les images mammographiques et sur les coupes de scanner thoracique.
En comparaison avec les femmes sans calcification sur leur mammographie, celles qui en avaient le plus avaient aussi plus de facteurs de risque classiques du risque cardio-vasculaire comme un âge moyen supérieur (72 ans versus 59 ans), plus d’hypertension artérielle (66% versus 31%) et plus d’insuffisance rénale (21% versus 6%).
De plus, la correspondance entre le niveau des scores était très bonne en particulier chez les femmes les plus jeunes (60 ans). Ainsi, un score de calcifications mammaires élevé était significativement associé à un score élevé de calcifications coronaires.
Repérer, analyser et quantifier les calcifications artérielles sur les images de mammographie pourrait à l’avenir être un élément utile pour prédire plus précisément le risque de calcifications coronaires, le risque cardio-vasculaire avec des retombées thérapeutiques de prévention. Cet élément, jusqu’à présent plutôt négligé par les cliniciens, par méconnaissance de leur signification, devra faire l’objet d’une attention plus particulière lors de la lecture des mammographies de dépistage pour optimiser la prise en charge préventive de la femme.
Référence
Minssen L, Doa TH, Quang AV, Martin L et al. Breast arterial calcificationson mammography : a new marker of cardiovascular risk in asymptomatic middle age women ? Eur Radiol. 2022 ;32 :4889-4897.
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