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MEDECINE VASCULAIRE

L’hypercholestérolémie familiale : une des maladies génétiques les plus fréquentes en France !

Dr Cécile Yelnik, Spécialiste en Médecine Vasculaire, Université de Lille et ambassadrice d’Agir pour le Cœur des femmes.

L’excès de mauvais cholestérol (=hypercholestérolémie) est un facteur de risque majeur de survenue d’une maladie cardiovasculaire et en particulier coronaire (=artères du cœur). L’hypercholestérolémie familiale est la maladie génétique la plus fréquente en France, touchant environ une personne sur 250, soit plus fréquente que la drépanocytose ou la mucoviscidose. Cependant, l’hypercholestérolémie familiale reste actuellement mal connue et sous-diagnostiquée alors qu’elle est une des principales causes d’infarctus du myocarde du sujet jeune. Elle touche autant les femmes que les hommes.

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Qu’est-ce que l’hypercholestérolémie familiale ?
L’hypercholestérolémie familiale est une maladie génétique autosomique dominante, c’est-à-dire qu’un sujet malade a une chance sur deux de transmettre la maladie à son enfant. En effet, pour chaque gène, nous héritons d’un allèle (=version) de notre mère et d’un autre de notre père. Il s’agit là de la forme hétérozygote, où un seul des deux allèles est malade, qui est la forme la plus fréquente. La maladie est silencieuse et caractérisée par une élévation majeure du LDL-cholestérol (=mauvais cholestérol) dès la naissance. En l’absence de traitement, l’hypercholestérolémie familiale se révèle par la survenue d’un infarctus du myocarde précoce, l’âge de survenue se situant classiquement entre 40 et 50 ans. La forme homozygote, avec les deux allèles malades, est une maladie rare touchant moins d’une personne sur un million et se révèle dès la naissance. Nous ne parlerons que de l’hypercholestérolémie familiale hétérozygote ici.

Comment savoir si je suis à risque d’hypercholestérolémie familiale ?
Du fait du caractère dominant de la maladie, on retrouve dans les familles atteintes d’hypercholestérolémie familiale des antécédents de maladie coronaire précoce (<55 ans chez un apparenté masculin ou <65 ans chez un apparenté féminin) dans chaque génération. Ces antécédant sont donc à rechercher chez les apparentés au premier degré, soit chez les parents, la fratrie, les oncles et tantes ou cousins. D’un point de vue personnel, la survenue d’un infarctus précoce (<60 ans chez la femme) est suspecte. La conséquence de l’anomalie génétique (mutation) est un taux de LDL-cholestérol très élevé, souvent supérieur à 2 g/dl sur la prise de sang à jeun. Les manifestations cliniques (ou symptômes) sont rares, mais on peut voir des dépôts de cholestérol sur les articulations (xanthomes) ou sur la cornée (arc cornéen avant 45ans, car sinon fréquent en lien avec une cataracte). Les xanthelasmas, ou dépôts de cholestérol au pourtour des yeux, sont très fréquents dans la population générale et n’orientent pas spécifiquement vers cette maladie. L’exposition chronique des artères à ces taux élevés de mauvais cholestérol conduit à la formation de plaques d’athérome qui progressivement bouchent les artères et conduisent à la survenue d’accidents vasculaires aigues, comme l’infarctus du myocarde. Les artères du cœur sont les premières touchées par l’hypercholestérolémie familiale.




Comment diagnostiquer l’hypercholestérolémie familiale ?
La suspicion est clinique sur l’histoire familiale ou personnelle et la présence de taux élevés de LDL-cholestérol. La confirmation diagnostique repose sur une analyse génétique. Mais celle-ci est longue et difficile car plusieurs gènes peuvent impliqués, plus de 2000 mutations ont été identifiées à ce jour. De plus, dans 20% des cas, l’analyse génétique ne permet pas d’identifier la mutation. L’analyse génétique donne donc un diagnostic de certitude, mais il existe aussi des scores de probabilité clinique qui sont utilisés en routine.
En résumé, la génétique pour qui ?
- En cas de LDL-cholestérol >1,6 g/dL chez l’enfant ou >1,9 g/dL chez l’adulte en présence d’antécédents personnels ou familiaux au premier degré de maladie vasculaire précoce
- En cas de LDL-cholestérol >1,9 g/dL chez l’enfant ou >2,5 g/dL chez l’adulte sans histoire familiale informative
En France, ces analyses sont réalisées dans 4 centres experts et le résultat prend en moyenne 6 mois pour revenir au prescripteur.

Pourquoi est-il si important de savoir si on est atteint l’hypercholestérolémie familiale ?
Un diagnostic précoce de la maladie est fondamental car, en l’absence de traitement hypocholestérolémiant, 1 homme sur 2 et une femme sur 3 environ feront un infarctus du myocarde précoce. A l’inverse, la mise en œuvre d’un traitement précoce permet de retrouver le risque vasculaire de la population générale. La prise en charge repose principalement sur la diminution du taux de LDL-cholestérol. Pour cela, les statines sont prescrites en première ligne. Ensuite, des thérapeutiques innovantes sont disponibles et prescrites par les médecins spécialistes, ce qui est souvent nécessaire vue les taux très élevés de cholestérol retrouvés chez les malades. Pour une femme en âge de procréer, il est important de connaître son cholestérol et d’interroger son partenaire sur ses antécédents familiaux de maladie vasculaire afin d’identifier un potentiel risque pour l’enfant à naître et de mettre en place un dépistage précoce adapté. L’hypercholestérolémie familiale n’a pas de conséquence sur la grossesse, et la plupart du temps les traitements sont suspendus le temps de la grossesse et de l’allaitement sans conséquences pour la mère. Cette discussion a lieu au cas par cas avec le médecin spécialiste. Devant la fréquence et la gravité potentielle de cette maladie, se pose actuellement la question d’un dépistage général systématique par un dosage du LDL-cholestérol avant l’âge de 9 ans.
Alerter, Anticiper et Accompagner les femmes dans le dépistage et la prise en charge de l’hypercholestérolémie familiale, telles sont les missions du fond de dotation Agir nouveau pour le Cœur des Femmes.

 
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